Auteur: Delphine Bertholon
Genre: Contemporain
Nombre de pages: 304
Date de sortie: 01/03/2017
Prix du livre papier: 20€00
Prix du livre numérique: 14€99
ISBN: 9782709658447
Editions: JC Lattès
« Certains jours, je m’attends des heures et ne me rejoins jamais. »
À bientôt trente-quatre ans, Lyla est tenaillée par le sentiment de passer à côté de l’existence. Elle enchaîne les fiascos amoureux, accumule les névroses et attend, sans trop savoir quoi. Jusqu’au jour où un étrange message la ramène dix-sept ans en arrière. Cet été-là, sur la côte basque, tout allait basculer…
Delphine Bertholon est l’auteur de plusieurs romans parus chez Lattès, parmi lesquels Twist et Grâce. Dans Cœur-Naufrage, elle sonde le poids des non-dits dans nos trajectoires, et célèbre la beauté singulière des accidents de la vie.
Lyla, 34 ans, traductrice modèle, célibataire mais amoureuse d'un homme marié, vit une petite vie tranquille et plutôt ennuyeuse (il faut dire que c'est une fille solitaire, donc...), jusqu'au jour de ses retrouvailles avec Joris, kinésithérapeute, marié et père d'une petite fille.
Cet ancien amour de vacances ramène avec lui son lot de souvenirs perturbants et difficiles, dont une lettre trouvée chez son père, écrite par Lyla dix-sept ans auparavant, une lettre qui renferme un lourd et douloureux secret.
Moi, je vis avec cette chose-là depuis dix-sept ans, tapie au fond des os comme une excroissance dont je suis seule consciente, une boule de douleur brûlante comme un soleil. Cette chose-là m'a construite, définie, aggravée, et le sentiment d'avoir pris la bonne décision ne rend pas le présent plus facile.Je me suis procurée ce livre il y a un moment déjà, après avoir lu Les corps inutiles, roman que j'ai beaucoup aimé et que je vous conseille si vous ne l'avez pas encore lu.
Connaissez-vous la plume de Delphine de Bertholon ? Son style est rigoureux, moderne, juste, percutant, délicat. C'est une auteure qui mérite d'être lue, on ne parle pas assez d'elle, c'est dommage, ses livres en valent pourtant la peine !
L'histoire est écrite de nos jours, à la première personne du singulier, et lorsque Lyla prend la parole, j'avais comme l'impression qu'elle s'adressait directement à moi. Cela m'a amené de la proximité avec elle ainsi que de l'intensité à l'histoire.
Elle est aussi écrite à la troisième personne du singulier lorsque nous faisons un bond dans le passé, cela peut paraître perturbant, mais je vous assure que ce n'est absolument pas le cas.
Les autres protagonistes sont eux aussi attachants, je pense à Zoé, la meilleure amie de Lyla, toujours de bonne humeur, fraîche et drôle.
Cœur naufrage est un roman qui a du rythme, on ne s'ennuie pas, l'émotion est au rendez-vous. Il a de nombreuses qualités et quasiment pas de défauts.
Je l'ai acheté en grand format, mais il est disponible également en numérique et en poche. N'hésitez pas à vous le procurer, il ne peut que vous plaire ! Quant à moi, je vais continuer ma découverte de l'auteure avec Le soleil à mes pieds qui m'attend sagement dans ma PAL.
Ma note:
Les premières lignes:
Rien de tout cela n’était prévu, ni même prévisible.
Je n’étais pas épanouie, encore moins comblée. Mais j’étais, disons, tranquillement malheureuse et avec le recul, ce n’était pas si mal. Je vivais à la manière d’un chat d’appartement, dans la sécurité confortable d’un périmètre contrôlé, toute pleine d’habitudes, lovée dans la croûte dorée d’une délicieuse routine. La routine, je m’en rends compte aujourd’hui, est ce qui nous reste lorsqu’on a tout perdu. J’étais tellement perdue que je m’accrochais à des bribes de réel – la Rose de Titanic sur son morceau de bois, immobile, impuissante, regardant mourir ses rêves dans l’eau réfrigérée.
Mon appartement, mon café-du-coin, mon téléphone, ma supérette, mon bus préféré. Ma copine plus-folle-que-moi, mon amant mal aimant, mon médecin généraliste, ma pharmacie de quartier, mon éditeur.
Une vie de petits cailloux, dans la chaussure.
Une vie boiteuse.
Je suis traductrice, de l’anglais au français. Si je voyage en mots jusqu’à l’autre bout du monde, j’ai rarement quitté mon pâté de maisons. En réalité, je n’ai même jamais pris l’avion ; j’ai peur de l’avion, comme d’un grand nombre de choses (gaz, ascenseurs, commerciaux en costume, chiens, clowns, toilettes à la turque). Mes stages obligatoires, je les ai tous faits à Londres : l’invention miracle du tunnel sous la Manche a sauvé mon avenir – sans le tunnel, la manche, c’est moi qui la ferais. J’entretiens depuis deux ans une relation idiote avec un homme marié, tout en sachant très bien qu’il ne quittera pas sa femme. Pour être franche, cette relation me convient. Il y a les soirées pathétiques noyées dans le vin rouge comme dans une mer biblique, lorsqu’il m’envoie un message de dernière minute, joliment saturé d’émoticônes joyeuses, « Un problème avec les gosses, pardonne-moi baby, je me rattraperai », qui me laisse toute démunie dans mes porte-jarretelles ; mais N* me permet de rester cette adolescente éperdue, en larmes et s’alcoolisant à la première occasion, figure autotutélaire à laquelle j’ai bien du mal à renoncer. Il est l’alibi parfait de toutes mes névroses, mon conquérant de l’impossible, le salaud grâce auquel je maintiens mon célibat à un degré honnête d’intégration sociale. « Je suis tombée amoureuse », dis-je à mes amis, trémolos dans la voix. « Que veux-tu, je ne l’ai pas fait exprès… La vie est mal fichue. »
Il est tellement aisé de se mentir à soi-même.
Rien de tout cela n’était prévu, ni même prévisible.
Je n’étais pas épanouie, encore moins comblée. Mais j’étais, disons, tranquillement malheureuse et avec le recul, ce n’était pas si mal. Je vivais à la manière d’un chat d’appartement, dans la sécurité confortable d’un périmètre contrôlé, toute pleine d’habitudes, lovée dans la croûte dorée d’une délicieuse routine. La routine, je m’en rends compte aujourd’hui, est ce qui nous reste lorsqu’on a tout perdu. J’étais tellement perdue que je m’accrochais à des bribes de réel – la Rose de Titanic sur son morceau de bois, immobile, impuissante, regardant mourir ses rêves dans l’eau réfrigérée.
Mon appartement, mon café-du-coin, mon téléphone, ma supérette, mon bus préféré. Ma copine plus-folle-que-moi, mon amant mal aimant, mon médecin généraliste, ma pharmacie de quartier, mon éditeur.
Une vie de petits cailloux, dans la chaussure.
Une vie boiteuse.
Je suis traductrice, de l’anglais au français. Si je voyage en mots jusqu’à l’autre bout du monde, j’ai rarement quitté mon pâté de maisons. En réalité, je n’ai même jamais pris l’avion ; j’ai peur de l’avion, comme d’un grand nombre de choses (gaz, ascenseurs, commerciaux en costume, chiens, clowns, toilettes à la turque). Mes stages obligatoires, je les ai tous faits à Londres : l’invention miracle du tunnel sous la Manche a sauvé mon avenir – sans le tunnel, la manche, c’est moi qui la ferais. J’entretiens depuis deux ans une relation idiote avec un homme marié, tout en sachant très bien qu’il ne quittera pas sa femme. Pour être franche, cette relation me convient. Il y a les soirées pathétiques noyées dans le vin rouge comme dans une mer biblique, lorsqu’il m’envoie un message de dernière minute, joliment saturé d’émoticônes joyeuses, « Un problème avec les gosses, pardonne-moi baby, je me rattraperai », qui me laisse toute démunie dans mes porte-jarretelles ; mais N* me permet de rester cette adolescente éperdue, en larmes et s’alcoolisant à la première occasion, figure autotutélaire à laquelle j’ai bien du mal à renoncer. Il est l’alibi parfait de toutes mes névroses, mon conquérant de l’impossible, le salaud grâce auquel je maintiens mon célibat à un degré honnête d’intégration sociale. « Je suis tombée amoureuse », dis-je à mes amis, trémolos dans la voix. « Que veux-tu, je ne l’ai pas fait exprès… La vie est mal fichue. »
Il est tellement aisé de se mentir à soi-même.
Quelques mots sur Delphine Bertholon:
Delphine Bertholon est l’auteur de Twist, L’Effet Larsen, du très remarqué Grâce et, plus récemment, du Soleil à mes pieds et des Corps inutiles, tous parus chez Lattès. Elle vit à Paris, dans le 11e arrondissement.
Delphine Bertholon est l’auteur de Twist, L’Effet Larsen, du très remarqué Grâce et, plus récemment, du Soleil à mes pieds et des Corps inutiles, tous parus chez Lattès. Elle vit à Paris, dans le 11e arrondissement.
Cabine commune, Lattès, 2007 ; J’ai Lu, 2010.
Twist, Lattès, 2008 ; J’ai Lu, 2010.
L’Effet Larsen, Lattès, 2010 ; J’ai Lu, 2012.
Grâce, Lattès, 2012 ; Le Livre de poche, 2013.
Le Soleil à mes pieds, Lattès, 2013 ; Le Livre de poche, 2014.
Mon avis : Les Corps inutiles, Lattès, 2015 ; Le Livre de poche, 2016.
Mon avis : Cœur-Naufrage, Lattès, 2017 ; Le livre de poche, 2019.
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