15 mars 2016

Les âmes et les enfants d'abord (♥♥♥) écrit par Isabelle Desesquelles - Éditions Belfond

Titre: Les âmes et les enfants d'abord
Auteur: Isabelle Desesquelles
Genre: Contemporain
Nombre de pages: 96
Date de sortie: 14/01/2016
Prix support papier: 10€00
Prix format numérique: 6€99
ISBN: 978-2714471024

Synopsis:
La misère est partout. Mais apprendre à nos enfants à vivre avec, n'est-ce pas là le crime originel ? 
A Venise, une femme rencontre celle qui n'a plus de corps, plus de face : la mendiante. Son âme engloutie par quelque chose de plus noir encore que les eaux de la Sérénissime : l'indifférence. L'une tient la main d'un enfant, l'autre tend la sienne vers un ciel aveugle. Il y a celle debout ; il y a celle à genoux. Immobiles toutes deux.
La misère est à exacte hauteur des enfants. On vit avec. Avant même qu'ils ne sachent lire et écrire, ce que nous offrons à ceux que nous élevons, c'est la pauvreté à hauteur de leurs yeux. A bonne hauteur... elle ne le sera jamais.
Le chemin de l'école redevient une cour des miracles que pas un enfant ne devrait traverser. Pour grandir, il lui faudra d'abord regarder le malheur dans les yeux. Tout comme ses parents, il s'y habituera vite, et arrivera le moment où la misère le dépassera.
Elle est où l'humanité ?
L'inhumanité est sous nos fenêtres, on peut ne pas la regarder en face, elle vous saute à la gueule. La vérité que contiennent ces 110 pages, vous la croisez à chaque coin de rue.
Un récit que l'on lit d'une traite, un bijou qui brille de feux sombres. Il vous happe et c'est une force qui nous entoure.
Elle est là l'humanité.



Mon avis:
Je remercie les Éditions Belfond pour cette jolie lecture. 
Belfond

Ma notation:

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Informations:
Des chapitres courts pour une lecture rapide.

Mes ressentis:
Les âmes et les enfants d'abord est un roman rempli de compassion et d'empathie.
C'est l'histoire d'une femme (la narratrice) qui est en vacances à Venise avec son fils. Pas de détails sur la ville, pas de descriptions qui font rêver, non là, nous sommes dans la transmission des sentiments et non dans celle des paysages et couleurs qui font toute la beauté de ce lieu. L'enfant et sa maman rencontrent une personne, une dame sans domicile fixe, assise là, sur un bout de trottoir. Ils ne voient de cette inconnue que sa main qui dépasse d'un bout de tissu afin de quémander quelques pièces aux passants. La narratrice continue son chemin, un peu gênée par cette vision, mais une fois rentrée chez elle, l'image de la femme de la rue va constamment la hanter. Cela va lui permettre d'effectuer une remise en question sur elle-même, sur son comportement face aux personnes qui sont dans le besoin et d'analyser le pourquoi elle n'a eu aucune réaction et aucun geste pour aider cette femme.
Des immigrés aux sans-abri, des plus démunis aux mendiants, la narratrice nous parle de ces gens que l'on croise chaque jour et pour qui nous n'avons pas un seul regard. Comprendre pour se sentir  mieux et pour transmettre à son fils l'importance d'un sourire, d'une pièce offerte avec générosité ou d'une petite attention qui peut réchauffer le cœur de la personne qui la reçoit.
La plume d'Isabelle Desesquelles est très poétique, il y a de beaux passages pleins de sagesse et de douceur. Le livre n'est pas très épais, 105 pages environ, il se lit très bien, rapidement et avec beaucoup d'intérêt. Un petit peu comme une nouvelle: courte, pleine de sens, pertinente et juste Les Âmes et les enfants d'abord est appréciable et remet certaines choses à leur place. Nous retrouvons forcément des pensées qui nous ont déjà traversés ou un comportement que nous avons déjà eu, mais l'auteure ne juge pas, elle constate.
J'ai dans l'idée que ce roman ne plaira pas à tout le monde, car le sujet peut en déranger certains, mais la plupart des lecteurs (en tout cas, j'ai envie de le croire) se sentiront forcément concernés et seront certainement touchés par l'ensemble de ce récit.


Extrait:
Lire un extrait en cliquant ICI

Après que Pandore a ouvert la boîte contenant tous les maux de l'humanité, au nombre desquels on compte la Famine, la Misère, et... l'Espérance, seule cette dernière, plus lente, n'en sortira pas.
P25
* * *
[...] elle s'inquiète pour son chien, il n'a pas mangé depuis deux jours. Votre angoisse : qu'il ait encore plus faim que vous. La suite est un murmure : "Si vous aviez quelques pièces." Je cherche dans mes poches, je crains qu'il n'y ait rien ou presque, préviens, que vous ne soyez pas déçue. Mon fils écoute, vous oubliez d'avoir un petit mot gentil pour lui, fait pour attendrir le coeur des parents, la coutume le veut mais vous êtes trop oppressée et lasse, anxieuse comme tout pour votre chien. Je ne vous juge pas, vous vous débrouillez avec la vie. Je la sens, votre humiliation à mendier, à devoir arrêter une mère qui emmène son fils à l'école. Qui tenait votre main il y a dix ans ? Qui vous emmenait à l'école ? Aviez-vous déjà un chien, enfant ? Vous me faites penser au jeune Marius sous la plume d'Hugo : "À ce moment de l'existence où l'homme a besoin d'orgueil parce qu'il a besoin d'amour. À l'âge de manger cette chose inexprimable qu'on appelle de la vache enragée. Chose horrible, qui contient les jours sans pain, les nuits sans sommeil, les semaines sans travail, l'avenir sans espérance, les humiliations, la dignité refoulée, les besognes quelconques acceptées, les dégoûts, l'amertume, l'accablement. On apprend comment on dévore tout cela, et comment ce sont souvent les seules choses qu'on ait à dévorer." Cosette n'aurait pas rencontré Valjean , elle serait vous, cette jeune fille, avec à la place de la poupée fabuleuse un chien affamé.
P66/67
* * *
C'est lui peu après qui m'apprendra d'où vient le costume d'Arlequin. "Ça s'est passé il y a très longtemps, maman. Un petit garçon qui est très pauvre et le jour du carnaval dans son école il y a tellement rien, il est le seul à ne pas avoir un déguisement. Donc, les autres enfants, il coupent un bout de leurs vêtements, il faut des morceaux de tissu de tous les habits de la classe et après la maîtresse les coud attachés, ça lui fait un costume d'Arlequin, sûr il est content !" jusqu'à présent pour moi Arlequin, c'était le carnaval de Venise.
P82/83

L'auteur et son livre...:

Parlons de l'auteur:
Isabelle Desesquelles a été libraire à Toulouse et a fondé une résidence d'écrivains, la maison De Pure Fiction. Après Les Hommes meurent, les Femmes vieillissent (Belfond, 2014), sélectionné pour le Femina et vendu à plus de 10 000 exemplaires, Les âmes et les enfants d'abord est son neuvième livre.

Bibliographie:
♦Fahrenheit 2010
♦Je me souviens de tout
♦Les âmes et les enfants d'abord
♦Les hommes meurent les femmes vieillissent

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