24 nov. 2015

La main de la nuit (♥♥♥) écrit par Susan Hill - Éditions de L'Archipel

Titre: La main de la nuit
Auteur: Susan Hill
Genre: Suspense
Nombre de pages: 200
Date de sortie: 30/09/2015
Prix support papier: 6€65
Prix format numérique: /
ISBN: 978-2352878155


Synopsis:
« C’est alors que je sentis une petite main se glisser dans ma main droite, comme si un enfant s’était matérialisé à côté de moi dans l’obscurité pour s’en saisir. Elle était fraîche et ses doigts se replièrent avec confiance dans ma paume. Nous restâmes ainsi pendant un moment, ma main d’homme serrant la toute petite main. Mais l’enfant était invisible… »
Adam Snow, un libraire de livres anciens se perd dans la campagne anglaise et se retrouve dans le jardin d’une propriété qui semble abandonnée. Là, il ressent cette présence, menaçante…
Roman fantastique, histoire de fantômes… Un conte dans la veine de La Dame en noir, un classique de la littérature anglaise.


Mon avis:
Un grand merci aux Éditions L'Archipel pour cette lecture ainsi qu'à l'agence LP Conseils pour leur confiance.


Ma notation:

Vous l'avez lu ? Notez-le:


Informations:
Ce roman contient 22 chapitres.

Mes ressentis:
Adam Snow est un passionné de livres anciens, libraire de métier, il aime dénicher les perles rares de la littérature pour des collecteurs fortunés. Un jour, alors qu'il était sur la route afin de se rendre chez un de ses clients, il se perd et atterrit par le plus grand des hasards devant une belle demeure anglaise, mais celle-ci semble abandonnée. Dans le doute, il s'arrête quand même afin de demander son chemin. Alors qu'il marche dans le jardin, il sent une petite main se glisser dans la sienne, mais à côté de lui il n'y a personne. Ce mystérieux moment va hanter Adam au point qu'un jour, il va découvrir l'inattendu. Cette maison et ses habitants ne lui sont peut-être pas si inconnus que ça...

À mes yeux, le meilleur roman de Susan Hill, même si on peut facilement le comparer à son plus beau succès La dame en noir. On retrouve bien la patte de l'auteure : une pointe d'angoisse, du suspense et ce, jusqu'à la dernière ligne et une intrigue étonnante. Pas de surprise donc pour ce roman, si vous aimez les autres titres de cette auteure, vous aimerez forcément celui-ci puisqu'il est dans la même veine.
J'adore les histoires de fantômes, de revenants qui hantent les vivants, je trouve ce sujet passionnant et surtout haletant. Peut-être parce que c'est quelque chose qui m'angoisse, qui sait ?... En tout cas, j'aime lire des nouvelles ou romans qui parlent de ça.
La main de la nuit n'est pas très épais, il se lit en quelques heures seulement, mais attention, il est intense et efficace et je n'en demandais pas plus, je suis donc ravie de cette lecture. J'ai même presque envie de dire que ce n'est pas plus mal qu'il ne soit pas plus long, Susan Hill a été à l'essentiel et au moins il n'y a pas de longueurs dont on pourrait se dispenser.

En bref, nous sommes bien dans de la bonne littérature anglaise, tous les ingrédients sont réunis dans l'histoire afin de nous faire frissonner. L'auteure joue avec nos capacités à croire en la vie après la mort et aux signes que l'on peut recevoir des âmes qui errent non loin de nous. L'intrigue est troublante et satisfaisante et permet de terminer notre lecture sur une note positive.
Pas exceptionnel, pas inoubliable, mais La main dans la nuit se lit bien et m'a fait passer un très bon moment. J'en redemande !

Extrait:
Il était presque 21 heures, le soleil se profilait à travers un banc de nuages violets et je m’étais perdu. J’ai enclenché la marche arrière pour sortir d’une allée, puis j’ai roulé pendant un kilomètre jusqu’au poteau indicateur. Je venais de passer vingt-quatre heures avec un client près de la côte et reprenais la direction de Londres. Mais, à l’évidence, quitter la route principale pour couper à travers la campagne se révélait une mauvaise idée.
La route sinuait à travers les Downs, entre de pâles collines, puis se faisait rectiligne, bordée d’arbres, jusqu’au carrefour. Les inscriptions sur  le poteau étaient effacées et, en l’absence de tout écriteau plus récent, je faillis dépasser le chemin qui s’ouvrait sur la droite. C’était une simple voie serrée entre de hautes levées de terre dans lesquelles, telles de vieilles dents, les racines des arbres s’enfonçaient profondément.
Je pensais qu’elle finirait par me ramener sur la route A. La voie se rétrécit. Dans le rétroviseur, je vis le soleil jeter ses derniers feux. Soudain, après un brusque virage, je débouchai sur un sentier assombri par une voûte de branches. Je ralentis. Ce chemin menait-il à une maison ? Quelqu’un pourrait-il me donner la bonne direction ? Je sortis. Une vieille pancarte en bois couverte de mousse indiquait la maison blanche. En dessous, une planche qui ne tenait plus que par un clou portait une inscription grossièrement peinte que je parvins à déchiffrer : jardin fermé.
Une maison reste une maison, après tout. J’allais forcément y trouver du monde. J’engageai prudemment la voiture le long du sentier. De part et d’autre, la terre montait de plus en plus haut,
et les arbres prenaient des proportions gigantesques. Bientôt, les arbres laissèrent place à une vaste clairière et je m’aperçus qu’il faisait encore jour ; le ciel avait à présent une teinte bleu argent.
La route était sans issue. Devant moi se dressait un portail en bois duquel émergeaient de volumineuses haies de ronces et de mûres. Un seul bruit m’environnait désormais : le pépiement apaisé des oiseaux. Une grive perchée dans un noisetier lançait sa mélodie aiguë, des merles
piaillaient en filant dans le sous-bois… Je sortis de la voiture et, tandis que je me tenais là, les
chants s’étiolèrent, laissant peu à peu la place à un silence extraordinaire, une quiétude étrange dans laquelle j’avais l’impression d’être entré par effraction, comme un intrus, un importun.
J’aurais dû faire demi-tour. J’aurais dû rebrousser chemin jusqu’au poteau indicateur et tenter de retrouver la route principale. Mais je n’en fis rien. Quelque chose me poussait à franchir le portail et à m’engager parmi les broussailles. Je marchai avec précaution, m’efforçant pour je ne sais quelle raison de faire le moins de bruit possible quand j’écartais les branches basses et les ronces. Le portail se bloqua, entrouvert, penchant sur ses gonds de sorte que je ne pus le pousser davantage. Je me glissai tant bien que mal par l’ouverture. Partout entre les hêtres, des broussailles, des
buissons de rhododendrons, des haies de ronces. Le chemin était recouvert d’herbe et de mousse,
mais des pierres, çà et là, se faisaient sentir sous les pieds.
Au bout d’une centaine de mètres, je parvins devant une cabane délabrée qui ressemblait à un vieux kiosque à billets. Le volet était baissé. Le toit n’était plus qu’une charpente de bois pourri. Un
lapin à la queue d’un blanc éclatant détala dans la pénombre des buissons. Je continuai à avancer. Le chemin s’élargit et obliqua vers la droite. La maison apparut enfin. C’était un bâtiment imposant, de style edwardien, tout en longueur avec une grande véranda. Une volée de marches basses menait à la porte d’entrée. Je me trouvais au centre de ce qui avait dû jadis être une vaste cour soigneusement entretenue – on distinguait encore de petites étendues gravillonnées entre le chiendent et les touffes d’herbe.
À droite de la demeure, une grille en fer forgée était sertie dans un passage voûté à moitié occulté par un rosier églantier. Je regardai tout autour de moi. La voiture produisait un bruit cliquetant à mesure
que le moteur refroidissait. J’aurais dû repartir. Je devais à tout prix rallier Londres et j’étais perdu. À l’évidence, cette bâtisse était inhabitée et probablement à l’abandon.
Je  n’y trouverais personne pour m’indiquer le bon chemin.
Je montai jusqu’à la grille et jetai un coup d’œil à travers. Je ne vis rien d’autre qu’un fouillis d’arbustes, de buissons, de troncs penchés, et l’esquisse d’un autre chemin disparaissant dans la verdure assombrie.
Je touchai la froide poignée en acier. La soulevai. Poussai. La grille était coincée. J’y calai une épaule et poussai à nouveau : il y eut un faible mouvement et des fragments de rouille tombèrent des gonds. Un nouveau coup, plus marqué, et la grille s’ouvrit lentement, raclant contre le sol en  grinçant. Je me faufilai par l’entrebâillement et entrai. Je me trouvais à présent dans un grand jardin en friche, vide et abandonné. Des marches latérales menaient à une terrasse et à la maison proprement dite. Laissé à l’air libre, aux caprices du climat, au vent, au soleil, aux lapins et aux oiseaux, le bâtiment avait doucement, tristement périclité, les pierres s’étaient fissurées, les chemins s’étaient estompés avant de disparaître, les vitres avaient fi ni par laisser entrer la pluie et les volatiles qui nichaient dans la toiture. Peu à peu, la maison s’effondrerait sur elle-même. Quel âge avait-elle ? Cent ans ? Dans un siècle, il n’en resterait plus rien. Je me retournai. Mes yeux peinaient à percer l’obscurité, à présent. J’ignore à quoi avait pu ressembler ce jardin, aujourd’hui « fermé », mais la nature en avait repris possession. Elle l’avait recouvert sous des nappes de lierre et un réseau serré de plantes grimpantes, étouffé sous les herbes folles, et en avait aspiré toute la lumière et tout l’air de sorte que seuls les végétaux les plus robustes pouvaient y croître, l’envahir et l’occuper. J’aurais dû partir. Mais je voulais en savoir plus. Je voulais en voir plus. Pour une raison que je ne m’expliquais pas, je voulais revenir dans ce lieu en plein jour, tout voir, découvrir ce qui était occulté, révéler ce qui était caché. Découvrir pourquoi. J’aurais pu ne pas y retourner. Selon toute probabilité, lorsque j’aurais retrouvé la route principale – puisque je la retrouverais fatalement –, puis Londres et le confort de mon appartement, la Maison Blanche et ce que j’y avais découvert dans la pénombre de cette fin de journée seraient passés à l’arrière-plan de mes préoccupations, avant de sombrer dans l’oubli.
Mais soudain, tandis que je me laissais envahir par l’immobilité croissante et le doux crépuscule printanier, un étrange phénomène se produisit. Je me moque bien d’être cru ou pas. Peu importe.
Je  le  sais, c’est tout. Aussi sûrement que je sais qu’hier matin il a plu sur le rebord intérieur de
la fenêtre de ma chambre car je l’avais laissée entrouverte ; aussi sûrement que je sais que j’ai subi une obturation canalaire jeudi dernier et qu’en me réveillant dans la nuit la douleur était atroce.
Je sais que cette chose est advenue comme je sais que je bois du café noir au petit-déjeuner. Je le sais car, quand je ferme les yeux, je sens cette chose se reproduire, tant le souvenir en est marquant. Et c’est un souvenir physique, éprouvé par mon corps – pas seulement par mon esprit.
Je me trouvais dans le jardin faiblement éclairé d’une lueur verdâtre et, au-dessus de moi, un copeau de lune argenté berçait l’étoile du Berger. Les oiseaux s’étaient tus. Aucune vibration ne troublait plus l’atmosphère. C’est alors que je sentis une petite main se glisser dans ma main droite, comme si un enfant s’était matérialisé à côté de moi dans l’obscurité pour s’en saisir. Elle était fraîche et ses doigts se replièrent avec confiance dans ma paume. Puis le petit pouce et l’index se serrèrent autour de mon pouce. Par réfl exe, je repliai à mon tour mes doigts dans les  siens et nous restâmes ainsi pendant un moment hors du temps, ma main d’homme serrant la toute petite main aussi intimement qu’un père tenant son enfant. Mais je ne suis pas père, et l’enfant était invisible.

Parlons de l'auteur:
Susan Hill
Née en 1942 en Angleterre, Susan Hill est romancière, écrivain pour enfants, auteur dramatique et journaliste. Ses romans les plus célèbres sont Je suis le seigneur du château (prix Somerset-Maugham 1971) et La Dame en noir (1983), publiés en France en 2012 aux éditions de l’Archipel. Elle s’est imposée dans le monde du polar avec les enquêtes de Simon Serrailler (Robert Laffont et Pocket).

Bibliographie:
♦Meurtres à Lafferton
♦Où rodent les hommes
♦Au risque des ténèbres
♦La mort a ses habitudes
♦Des ombres dans la rue
♦Ce sera ton dernier instant
♦Je suis le seigneur du château
♦L'oiseau de nuit
♦L'ombre au tableau ← Ma chronique 
♦La Dame en noir
♦La main de la nuit ← Ma chronique
♦La Malédiction de Manderley

Quelques liens indispensables:

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