3 juin 2015

Sauvée : Mon combat pour libérer ma fille écrit par Tina Rothkamm -♥♥♥♥- Editions L'Archipel

Auteur: Tina Rothkamm
Genre: Témoignage
Nombre de pages: 312
Date de sortie: 17/03/2015
Prix support papier: 18€95
Prix format numérique: /
ISBN: 978-2809816181
Editions: L'Archipel

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Synopsis:
(résumé éditeur)
Quand Tina, une jeune Allemande, rencontre Farid, charismatique étudiant en médecine, lors de vacances en Tunisie, elle en tombe amoureuse et l’épouse. Bientôt, les voici parents d’une petite Emira.
Mais l’idylle tourne au cauchemar. Farid humilie Tina en permanence et la bat. Pourtant, la jeune femme veut continuer à y croire. Jusqu’au jour où, poussée à bout, elle décide de divorcer.
Or, la loi lui interdit d’obtenir la garde d’Emira… La jeune mère n’a alors d’autre choix que d’enlever sa fille de 9 ans et de la ramener en Allemagne. Mais comment faire alors que son ex-mari, aidé par la police des frontières, contrôle ses déplacements ?
Tina va monter à bord d’un bateau de fortune et tenter de gagner Lampedusa, en Italie. L’amour d’une mère recèle des forces insoupçonnées…

Certaines personnes se construisent dans la douleur et dans l'épreuve.

Mon avis:
Je remercie les Editions L'Archipel pour cette lecture ainsi qu'Audrey pour sa confiance.

Informations:
Ce témoignage contient 1 prologue, 28 chapitres et 1 épilogue.

Mes ressentis:
Sauvée ... Un titre fort qui laisse sous-entendre une fin heureuse, mais avant d'en arriver là, c'est un petit peu plus de trois cent pages d'un témoignage bouleversant auquel nous devons faire face.
Dans ce livre, nous faisons la connaissance de Tina Rothkamm, une Allemande et de sa fille Emira. Toutes deux ont vécu plusieurs années auprès d'un homme haineux et narcissique. Cet homme se nomme Farid, c'est un Tunisien et il est médecin. Si au début du récit, Farid est charmant et charmeur, il devient très vite suspicieux à nos yeux, même si Tina, pour le moment, n'est pas de notre avis et trouve des excuses à son amoureux. Elle tombe très vite sous le charme et sous l'emprise de cet homme qui lui promet monts et merveilles et qui s'engage à lui offrir une vie aussi éblouissante que le soleil de son beau pays. Mais tout cela n'est que subterfuge et une fois Tina prise dans ses filets, Farid va révéler son vrai visage.
C'est un homme très attiré par les apparences et par l'argent, un homme colérique qui n'hésite pas à lancer son repas au visage de la femme qu'il a choisie pour partager son quotidien ou plutôt de la femme qu'il soumet à préparer ses repas, à ramener de l'argent à la maison, à l'entretenir et le servir. Tina est une femme naïve qui ne voit que le meilleur dans l'être humain, elle est d'une patience incroyable et d'une gentillesse à couper le souffle. Durant les trois-quarts du livre, elle explique qu'elle pensait que leur relation allait évoluer, changer, parce que l'homme qu'elle aimait traversait un mauvais passage, mais les "mauvais passages" s’enchaînent et ne s'améliorent pas, jusqu'au jour où Tina tombe enceinte. Nous savons toutes, nous les femmes, que nous pouvons déplacer des montagnes pour nos enfants, et c'est exactement ce qui va se passer pour Tina, car au moment où elle devient mère, elle devient aussi une guerrière prête à tout pour sauver sa fille, pour qu'elle ne vive pas le même quotidien qu'elle, pour que sa petite Emira ne soit pas sous l'emprise d'un homme et d'une religion qui ne lui conviennent pas.
Oui, c'est aussi de cela que parle ce livre, de religion, de coutume, de culture. Ce n'est pas toujours facile à comprendre tout cela, car Farid vient d'une famille extrêmement croyante et pratiquante.
Bref ... Je ne vais pas m'étendre sur ce sujet. Je préfère revenir au calvaire de Tina. Cette femme va donc subir de multiples violences jusqu'au jour où ...
Je n'en dis pas plus, je trouve que le résumé éditeur en dit déjà beaucoup trop et c'est bien dommage.
Ce témoignage, je l'ai dévoré, parce qu'il se lit très vite, mais aussi parce qu'il est difficile de poser ce genre de livre. Je n'avais qu'une envie, c'était de connaître la finalité de l'histoire, savoir comment Tina et Emira s'en sont sorties et dans quelles conditions. C'est un témoignage prenant, qui met en colère parce que tout cela ne devrait pas exister. La fin du livre reprend le prologue et donne des frissons. Je pense que ça peut déjà vous donner une idée du contenu.
Je pense encore aujourd'hui, à cette petite Emira, petite fille si courageuse et à sa maman.
Je remercie les Editions L'Archipel pour cette lecture, difficile, mais très enrichissante.

Pour conclure:
Un témoignage bouleversant qui traite, entre autres, des différences culturelles, qui prouve aussi et une fois de plus, que l'amour maternel n'a pas de limite, pas de frontière.
Tina Rothkamm est une femme très courageuse, elle partage dans son livre son calvaire, son combat, mais aussi sa renaissance, c'est dur, mais plein d'espoir.
Si vous aimez les récits tels que Jamais sans ma fille, alors n'hésitez pas, ce livre est pour vous. 
*Angélique*

Extrait:
Prologue
Nous sommes tous dans le même bateau. Combien de fois avais-je entendu cette expression ? Et combien de fois l’avais-je employée, sans jamais la prendre au pied de la lettre ? Je me sentais exposée au danger, assise, ou plutôt accroupie à bord du bateau en question, qui me faisait l’effet d’une coquille de noix. Il s’agissait d’un vieux chalutier qui, même à l’époque où les pêcheurs l’utilisaient encore, n’avait jamais dû s’aventurer bien loin des côtes tunisiennes. Il n’était peut-être même plus en état de naviguer. Dire que cette embarcation devait nous emmener en Italie ! À son bord, cent vingt Tunisiens désespérés, fuyant le chômage et l’instabilité politique. Ainsi que ma fille et moi. Désespéré, il fallait l’être pour s’en remettre à un passeur qui, moyennant finances, organisait la traversée jusqu'en Europe, pour prendre place dans cette embarcation de fortune, pour oublier tous ceux qui avaient déjà entrepris ce voyage et étaient morts noyés ou étouffés. Pourquoi tout abandonner et prendre la fuite au péril de sa vie ?
Parce que rester serait pire encore. Parce qu’un être humain peut être anéanti par la pauvreté et la violence. Parce qu’une petite voix susurre que le combat pour la liberté et la dignité n’est jamais vain.
Que ça peut s’arranger, que ça va s’arranger… Voilà exactement ce que je me disais, au moment
d’embarquer. Nous étions tellement serrés que, dès que quelqu’un essayait de tendre la jambe ou de changer de position, tout le monde était obligé de bouger. Nous formions une sorte de vague humaine au sein de laquelle le moindre pied ou bras engourdi, le moindre toussotement se répercutait sur l’ensemble des passagers, qui devaient veiller à maintenir l’équilibre
du bateau. Alors que le chalutier avait déjà largement dépassé sa capacité d’accueil, l’un des passeurs nous ordonna de nous tasser encore un peu plus, afin de laisser une vingtaine d’hommes supplémentaires monter à bord. Aucun d’eux n’avait de bagages. Ils ne possédaient rien, à part les vêtements qu’ils portaient sur le dos. Et encore. En tout cas, nous partagions le même espoir, celui que notre embarcation de fortune arrive à bon port. Que le naufrage serait évité, qu’un navire de la marine ne nous éperonnerait pas, que nous serions secourus si une tempête venait à éclater. Que nous ne connaîtrions pas le même sort que tant d’autres réfugiés, trop rarement relayé par les médias. Chacun de nous savait pertinemment que cette traversée risquait de lui coûter la vie. La situation était d’autant plus éprouvante pour moi que j’avais entre les mains le destin d’une deuxième personne : ma
fille, Emira. Mais c’était notre dernier espoir de rentrer enfin en Allemagne. Au cours de ces dernières années, toutes les démarches que j’avais entreprises pour sortir du pays en toute légalité avec ma fille s’étaient soldées par des échecs. Nous ne pouvions bien sûr pas nous cacher éternellement. Ma volonté inébranlable d’offrir à ma fille une vie libre et sans violence, ainsi que ma crainte d’être retrouvée, avec toutes les conséquences que cela impliquait, m’avaient poussée à choisir la seule issue possible : la fuite en avant. Ce bateau clandestin qui nous emmenait à Lampedusa était notre dernière chance.
— Quand est-ce qu’on arrive, maman ? demanda Emira.
Elle parlait comme une petite fille. Pourtant, elle avait déjà huit ans.
— Bientôt.
Alors que je n’en avais pas la moindre idée, je m’efforçais de ne rien laisser paraître de mon angoisse. Il fallait qu’Emira se sente en sécurité à mes côtés. Enfin en sécurité. Même si j’étais incapable d’affirmer que nous allions arriver saines et sauves à destination.
— Regarde, ajoutai-je en désignant le soleil. Tout là-bas, c’est l’Europe.
C’était certainement faux, mais en cet instant, j’avais envie d’y croire.
— Et là, regarde, maman…
Emira pointa la côte du doigt.
— Là, c’est Djerba.
— C’est vrai, tu as raison !
Emira agita la main en direction du continent, où vivait encore son père. Il ne fallait pas compter sur ce dernier pour nous saluer en retour depuis la plage, le sourire aux lèvres. Au contraire, il devait une fois de plus nous traquer sans relâche. Combien de ses hommes étaient à nos trousses, cette fois-ci ?
— Bislema, Baba ! cria Emira.
Au revoir, papa !
Le reverrait-elle un jour ? Le souhaiterait-elle, après tout ce qui s’était passé ? Il avait voulu la priver de sa mère, mais je n’en ferais pas autant.
— Au revoir, Farid, dis-je d’une voix éteinte.
Je me sentais vide à l’intérieur. Je n’éprouvais plus rien pour celui que j’avais pourtant aimé comme jamais auparavant. La haine qu’il m’avait inspirée avait elle aussi dépassé tout ce que j’avais pu imaginer. Si je me voyais forcée d’entreprendre cette folle traversée, c’était à cause de lui et de ses
manigances. En tentant de me prendre ma fille, il m’avait infligé la plus terrible des épreuves. Une épreuve que j’avais déjà endurée par le passé, car on m’avait privée de mes deux premiers enfants. Ma fille, personne ne me l’enlèverait, je me l’étais juré. Personne. La mer non plus.
Tandis que le bateau s’éloignait de Djerba, je pris soin de ne pas me retourner une seule fois vers la Tunisie, ce pays qui m’avait cruellement manqué, fut un temps. À trente-neuf ans, je ne me laisserais plus jamais aveugler comme j’avais pu l’être onze années auparavant, alors que je croyais avoir rencontré l’homme de ma vie. Combien de fois ai-je regretté de l’avoir connu ? Et pourtant, sans lui, Emira ne serait pas là aujourd’hui. Mes rêves avaient été brisés. À présent, tout ce qui importait, c’était de sauver ma fille. Je la serrai fort contre moi.
— Nous sommes bientôt arrivées, dis-je afin de nous redonner à toutes les deux un peu de courage.
En réalité, nous allions passer encore une journée et une nuit sur ce frêle esquif.
— En arrivant, je veux manger des knackis et de la moutarde.
— C’est promis.
À cet instant, je compris que le bonheur tenait parfois à bien peu de chose.

Parlons de l'auteur:
Tina Rothkamm est née en 1971 à Munich. Depuis sa fuite de Tunisie, elle vit avec Emira et sa famille à Dusseldorf.

Bibliographie:
♦Sauvée → Editions L'Archipel (2015)

Quelques liens indispensables:
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2 commentaires:

  1. C'est un témoignage que je découvrirai avec plaisir merci pour la découverte !

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  2. J'en prends note, il a l'air vraiment poignant...

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